Que ce soit dans le cadre d’un traitement contre les TCA, la dépression ou encore la schizophrénie, les professionnels de la santé mentale avancent que la cuisine est un outil thérapeutique de choix avec de multiples bienfaits à la clé, au même titre que des activités sportives telles que la course à pied.
Quand cuisiner devient thérapeutique
Depressed Cake Shop est une organisation qui s’engage à créer une communauté autour du fait de pâtisser et des bienfaits que cela apporte sur les problèmes de santé mentale. Selon Valerie Van Galder, à l’initiative du projet, la plupart des gens qui s’intéressent à ces petites pâtisseries grises qu’ils proposent ont souffert de troubles mentaux. Elle-même a d’ailleurs trouvé la solution à son anxiété à travers le pétrissage de pâte et la création de ganache pour la décoration des petits gâteaux. L’application Headspace pour sa part, permet de vivre un moment mindfulness en faisant de la cuisine. Comment ? À travers des séances guidées et depuis sa création, l’application compte déjà de nombreux adeptes.
Selon les professionnels de la santé mentale, les bienfaits de la cuisine sur la santé mentale sont multiples. La réalisation des recettes, le recours aux sens (toucher, goût, odorat) aident à améliorer la concentration et l’attention. Jacqueline Gollan, professeure de psychiatrie et de sciences comportementales à l’université américaine Northwestern, vient appuyer ce constat en déclarant que le fait de cuisiner peut offrir un soulagement autant qu’une distraction pour l’esprit.
Les bienfaits de la cuisine sur les fonctions cognitives
Pour Catana Brown, spécialiste de la thérapie occupationnelle et professeure à l’université de Midwestern, la cuisine est actuellement utilisée comme outil dans le cadre de traitement de plusieurs pathologies mentales. Des ateliers, des cours et autres évènements sont ainsi organisés dans cette optique. Activité d’apprentissage cognitif par excellence, la cuisine est selon elle, parfaite pour aider les patients souffrant de schizophrénie qui souffrent bien souvent de problème de cognition et de mémoire. Le suivi à la lettre des recettes aiderait également à améliorer l’attention et les fonctions exécutives des patients.
Jacqueline Gollan estime que la cuisine aide à se sortir de la dépression. Le patient acquiert de nouvelles compétences et la satisfaction obtenue par la réalisation d’une recette de cuisine lui sera réellement gratifiante. À travers les plaisirs de la cuisine, on obtient ainsi une sorte de valorisation de soi et de ses capacités. On se sent mieux, on se sent capable et cette vision positive de soi est déjà une étape vers la route de la guérison.
Santé mentale : le rapport avec la nourriture
Selon Eunice Chen, professeure de psychologie à la Temple University, les personnes qui souffrent de troubles du comportement alimentaire (TCA) peuvent aussi trouver une forme de réconfort dans le fait de cuisiner. Il faudra néanmoins adapter l’exercice à chaque cas (boulimie, anorexie, etc.) pour espérer de bons résultats.
Sofyann Abidi, diététicien au service de réhabilitation nutritionnel propose notamment depuis des années des ateliers cuisine dans l’hôpital de la Croix Rouge de Bois-Guillaume en Seine-Maritime. Organisés en collaboration avec un ergothérapeute, les ateliers comptent une à trois personnes avec chacun un rôle qui leur a été dédié (acheter les ingrédients, créer le menu, cuisiner, etc.). Les séances s’organisent, ainsi autour de la préparation des repas et le partage de celui-ci quand c’est prêt. C’est très thérapeutique pour les patients en plus d’être un bon moment de convivialité et de partage. En somme, la cuisine peut devenir un outil d’aide et de socialisation pour les patients souffrant de troubles mentaux et les bienfaits ne sont plus à démontrer.