Cette période de confinement a généré de nouvelles habitudes alimentaires chez les Français. Les consommateurs sont nombreux à se tourner vers les produits frais, préférant cuisiner chez eux. Les producteurs agricoles regroupés y ont vu une manière de booster leurs affaires.
Avec le boom des circuits courts, l’on voit naitre une nouvelle mode alimentaire, qui est appuyée par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Le ministère a d’ailleurs ajouté que cette crise a aidé à prouver la nécessité d’instaurer rapidement une transition écologique. Mais aussi de relocaliser les productions agroalimentaires afin d’assurer la sécurité alimentaire européenne.
Réouverture des marchés locaux
La FNSEA, principal syndicat agricole a demandé auprès du gouvernement à ce qu’un protocole sanitaire permettant aux maires et préfets de rouvrir les marchés locaux sous certaines conditions soit validé. L’idée étant de permettre aux agriculteurs et producteurs locaux de continuer à proposer leurs produits en vente directe. Les consommateurs y trouvent également leur bonheur en retrouvant des produits frais, denrées rares en ces temps incertains.
Les Amap (associations pour le maintien d’une agriculture paysanne) et leur mouvement interrégional (Miramap) de leur côté, on reçu l’aval de continuer les livraisons de paniers en respectant les conditions sanitaires. Les livraisons aux personnes fragiles (seniors, souffrant de perte de mobilité, etc.) sont ainsi assurées en premier et les adhérents se sont organisés pour simplifier le travail.
Une aubaine pour les réseaux
Evelyne Boulongne, administratrice du réseau Amap Île-de-France et porte-parole du Miramap, a déclaré que ce mode alimentaire a permis au secteur agroalimentaire de sortir de la crise. Elle rajoute que le lien qui unit les producteurs et les consommateurs engagés est solide et c’est ce qui permet d’assurer la pérennité de cette nouvelle tendance.
Le réseau La Ruche qui dit oui, spécialisé dans la distribution de paniers de producteurs, lui aussi a vu une hausse de son chiffre d’affaires depuis peu. Ils ont notamment enregistré une hausse de 30 % du panier moyen, de 30 % du nombre de fournisseurs et de 70% de leur CA. Un service de livraison à domicile a également été mise en place en Île-de-France pour faciliter l’achat aux consommateurs. Les réseaux prévoient d’ailleurs d’accueillir dans les prochains mois de nouveaux collaborateurs, avec notamment des paysans d’autres Amap et des paysans de leur territoire.
De leur côté, la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB) et la Confédération paysanne proposent sur leurs sites respectifs divers outils et initiatives locales permettant aux agriculteurs de mieux organiser leurs ventes en ligne.
Quid de l’après- confinement ?
L’on se pose toutefois la question : est-ce qu’une fois la crise passée et que le confinement va se terminer? Les Français vont revenir à leurs vieilles habitudes ? Grégoire de Tilly, dirigeant de La Ruche qui dit oui espère que les consommateurs vont prendre conscience de l’importance des produits frais. Et que de leur côté, les professionnels se rendent compte des bénéfices qu’apporte la vente directe et locale. Bénéfices qui se ressentent aussi bien au niveau de la rémunération des agriculteurs que sur la protection de l’environnement.
Jean-Paul Gabillard, secrétaire national légumes à la FNAB, rajoute que la diversité doit être mise en avant que ce soit dans les productions qu’au niveau des méthodes de commercialisation. Enfin, le cabinet de Didier Guillaume annonce que les pratiques devraient changer. D’ailleurs, le président Emmanuel Macron annoncé que certains secteurs stratégiques comme l’agroalimentaire doivent devenir autonomes en Europe. Avec la diversité du territoire en France, la transition devrait être assez facile reprend Jean-Paul Gabillard. Reste à assurer le développement des filières locales de production d’aliments pour l’élevage, tel que le soja et le colza.